Affiche de la rétrospective SIGNAL de Mohamed Bourouissa au Palais de Tokyo, 16 février 2024 – 30 juin 2024
Resilience Garden, 2018, outside installation for the 10th Liverpool Biennal, mixed media, variable sizes © Mohamed Bourouissa ADAGP
Pas le temps pour les regrets, 2018, installation: wooden structure and video color and sound, variable sizes © Mohamed Bourouissa ADAGP
Exhibition view of Brutal Family Roots at 22nd Biennal of Sydney, Cockatoo Island, Sydney (AU), 2020 © Mohamed Bourouissa ADAGP. Photographs: Jessica Maure
All in, 2012, video color and sound, 4’54’’ © Mohamed Bourouissa ADAGP
Série Pierrot, Alix de la Chapelle, Nicolas Havez, Mehdi Anede, Idriss, Pauline Deschamps, 2023, Fonte d’aluminium Courtesy de l’artiste et de Mennour, Vue d’exposition, Mohamed Bourouissa, SIGNAL, Palais de Tokyo,16.02.2024 – 30.06.2024. Crédit photo Aurélien Mole. © ADAGP, Paris, 2024
Vue d’exposition, Mohamed Bourouissa, SIGNAL, Palais de Tokyo,16.02.2024 – 30.06.2024. Crédit photo Aurélien Mole. © ADAGP, Paris, 2024
La fameuse affiche du Palais de Tokyo – selon moi, l’une des meilleures jamais pensée – nous l’avait déjà chuchoté au creux de l’oreille, avant même qu’on ne rentre dans l’espace d’exposition. Elle nous avait déjà mis sur la voie. A travers cette image, il met en place un procédé méta-visuel qui illustre déjà cet art du commun. Il fait référence à un geste, qui lui-même fait référence au seum. Une cascade de ref, que tout le monde n’a pas, mais qui fait « signal » pour celle.ux qui les captent.
Néanmoins, cet art en communauté que Mohamed Bourouissa parvient à construire ne peut être réduit au simple fait de valoriser une histoire commune. Il le développe comme une véritable méthode, en fait un procédé artistique. De cette façon, il réussit lui aussi à retourner le stigmate. Il définit la communauté au-delà de l’acception péjorative qu’on lui a attribuée au fil du temps. Une vision occidentale et universaliste a associé à la notion de communauté ce « -aire » qui accuse, ce -rrrrr qui apparaît d’emblée menaçant et agressif. Alors même que, pour tous.tes celle.ux qui vivent en minorité, à la marge d’un système dominant, elle constitue un espace d’accomplissement et d’émancipation, nécessaire à leur survie. Pour reprendre les mots de Silvia Federici, je ne sais pas si Mohamed Bourouissa ré-enchante le monde (4) – puisque qu’à travers ses œuvres, il ne manque pas d’établir une archéologie des violences postcoloniales. Mais ce qui est certain, c’est qu’il poétise notre monde et met à l’œuvre cette « politique des communs » (5) qu’elle définit. Ces communautés agissent à la fois comme des espaces de transmission, des lieux de production alternatifs, des contre-pouvoirs. Les œuvres de Mohamed Bourouissa participent à redéfinir le concept, lui faire retrouver son sens premier. Il ne l’envisage pas dans la théorie mais dans la pratique. Non plus péjorative, la communauté est envisagée de manière positive, politique et artistique. Une politique du commun à travers une poétique des communs.
LÉNA KEMICHE