Préliminaires pour un verger futur

Trois histoires d’amour autour de la Palestine d’aujourd’hui, de ses légendes et de son futur. De Shanghaï à Jérusalem, de Gaza à Bombay, chacun des personnages de ces nouvelles tente, loin de la terre natale ou de la langue maternelle interdite, de forger ses propres récits.
Karim Kattan écrit ici, dans une modernité affirmée, des textes denses et intimes. Sa voix talentueuse annonce une nouvelle génération d’auteurs palestiniens.

Beyrouth sur Seine

Lorsque le narrateur décide de questionner ses parents sur leur pays d’origine, le Liban, il ne sait pas très bien ce qu’il cherche. La vie de ses parents ? De son père, poète-journaliste tombé amoureux des yeux de sa femme des années auparavant ? Ou bien de la vie de son pays, ravagé par des années de guerre civile ?
Alors qu’en 1975 ses parents décident de vivre à Paris pendant deux ans, le Liban sombre dans un conflit sans fin. Comment vivre au milieu de tout cet inconnu parisien quand tous nos proches connaissent la guerre, les attentats et les voitures piégées ? Déambuler dans la capitale, préparer son doctorat, voler des livres chez Gibert Jeune semble dérisoire et pourtant ils resteront ici, écrivant frénétiquement des lettres aux frères restées là-bas, accrochés au téléphone pour avoir quelques nouvelles. Très vite pourtant la guerre pénètre le tissu parisien : des bombes sont posées, des attentats sont commis, des mots comme « Palestine », « organisation armée », « phalangistes » sont prononcés dans les JT français.
Les années passent, le conflit politique continue éternellement de s’engrener, le Liban et sa capitale deviennent pour le narrateur un ailleurs dans le quotidien, un point de ralliement rêvé familial. Alors il faut garder le lien coûte que coûte notamment à travers ces immenses groupes de discussion sur WhatsApp. Le Liban, c’est la famille désormais.

Le polygone étoilé

Dans une suite de poèmes, de dialogues et de rêveries, Kateb Yacine mêle les thèmes essentiels de sa vie et de l’histoire de l’Algérie : la douleur de la colonisation, le lien maternel, le pouvoir des mots et les charmes de Nedjma, dessinant progressivement la figure du « polygone étoilé ». Au carrefour du roman, de la poésie et du théâtre, ce livre est au coeur de la littérature algérienne moderne.

Les identités meurtrières

Que signifie le besoin d’appartenance collective, qu’elle soit culturelle, religieuse ou nationale ? Pourquoi ce désir, en soi légitime, conduit-il si souvent à la peur de l’autre et à sa négation ? Nos sociétés sont-elles condamnées à la violence sous prétexte que tous les êtres n’ont pas la même langue, la même foi ou la même couleur ?
Né au confluent de plusieurs traditions, le romancier du Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993) puise dans son expérience personnelle, aussi bien que dans l’histoire, l’actualité ou la philosophie, pour interroger cette notion cruciale d’identité. Il montre comment, loin d’être donnée une fois pour toutes, l’identité est une construction qui peut varier. Il en dénonce les illusions, les pièges, les instrumentations. Il nous invite à un humanisme ouvert qui refuse à la fois l’uniformisation planétaire et le repli sur la «tribu».

La Discrétion

Chez Faïza Guène, la famille est une porte d’entrée. Elle dévoile les interactions entre le particulier (toujours divers) et le collectif (jamais univoque). Les Taleb forment une famille française pure sucre, comme dans les romans de Sabri Louatah par exemple. Enfin presque, car il y a du chemin pour faire entrer cette vérité dans les têtes, pour que « les choses soient plus simples » et que cela soit « plus clair pour tout le monde ».

La Petite Dernière

Roman & fiction

« Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Je suis musulmane. Une Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Cette banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyperinadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. L’amour, c’était tabou à la maison, la sexualité aussi. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. »

Ici l’écriture cherche à inventer l’impossible : comment danser dans une impasse jusqu’à ouvrir une porte là où se dressait un mur. Virginie Despentes.

Une bombe à fragmentation qui ausculte avec finesse et passion la question de l’identité. Clémentine Goldszal, Elle.

Un premier livre d’une grande puissance. Nathalie Crom, Télérama.

Prix Les Inrockuptibles 2020 catégorie premier roman.

L’Art de perdre

Fictions & Romans

L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, Alice Zeniter raconte le destin, entre la France et l’Algérie, des générations successives d’une famille prisonnière d’un passé tenace. Mais ce livre est aussi un grand roman sur la liberté d’être soi, au-delà des héritages et des injonctions intimes ou sociales.

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